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Billets Dumeur

L'auberge saint Séverin

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De passage éclair sur Paris dans le but de se délecter de l'expo Monet, nous avons fait une halte dans le quartier saint Michel histoire de nous sustenter. Quand je disais qu'avant j'étais pas pareille, effectivement ça s'est revélé catastrophiquement vrai car depuis que j'ai maigri niveau névrose, tous mes sens en alerte se sont barrés Dieu sait où ; au même endroit que mes tumeurs ganglionnaires faut croire.

 

A l"entrée du "restaurant" L'auberge saint Séverin quand nous sommes rentrés, je n'ai même pas tiqué à l'idée de voir un chat plein de poils à l'accueil. Je l'ai même trouvé mignon.

 

Quand on nous a installé à une table et que j'ai constaté que ma fourchette avait un genre de bout de betterave sur la tranche je n'ai rien dit non plus.

 

Et quand j'ai vu le deuxième serveur arriver (oui trois serveurs pour deux clients c'est complètement nécessaire, surtout vu ce qui s'est passé une demie heure après) avec des taches blanches/beiges/cracra tout plein son tablier noir, je l'ai trouvé aimable.

 

Puis d'un seul coup devant mon assiette de calamars surgelés j'ai pensé à Alien.

 

Dans l'espace personne ne vous entendra crier.

 

Je ne sais pas pourquoi je m'évertue à commander des calamars au resto, aucun ne m'en a servi un seul de frais de toute ma carrière de bouffeuse de poiscaille. Allez savoir pourquoi je persiste, par connerie probablement ? J'ai eu de véritables sérieux doutes quand la nourriture accompagnant mes calamars s'est révélée aussi fraîche que le reste : vinaigrette industrielle (arrosant les calamars siouplait), maïs en conserve, et tiens ! je venais de retrouver dans mon assiette la responsable de la crassure de ma fourchette. Ah quand même, soyons juste, le citron était frais. Puis j'ai tourné la tête vers la déco. Pensant cette fois à L'Auberge rouge, le film avec Fernandel où les tenanciers découpaient en morceaux les clients (enfin je crois qu'ils étaient découpés, j'ai vu ce film étant môme et j'ai beaucoup fantasmé dessus depuis). Pêle mêle gisait une vénus de Milo, une affiche de Klimt, des bois de cerf, des bières poussiéreuses périmées d'au moins 18 ans, une tour Eiffel en "tableau" et le fameux chat encore.

 

Partout.

 

J'ai pris du magret et ce qu'on m'a servi était tout sauf ça. Du chat peut être ? Je ne sais pas pourquoi on m'a demandée le type de cuisson que je préférais vu que la semelle trônant dans mon assiette avait non seulement été pré cuite (quand, je n'en sais foutre rien, mais une datation au carbone aurait été plus qu'utile), mais aussi délicatement passée trop près du grill. Le goût était indéfinissable. J'hésite encore entre dégueulasse et infâme. Le rumsteak de mon mari lui était cru, ce qui nous a suscité quelques inquiétudes post prandiales ("repérons les chiottes où que nous allions ma mie, pour le cas où"). Seul le gratin dauphinois a su tirer son épingle du jeu. Disons que ça m'a rappelée la cantoche au collège.

 

Là où mon mari et moi avons été secoués de spasmes hilares (en attendant les convulsions dues à l'intoxication ?) c'est  quand le serveur cracra a pris notre commande de dessert. Déjà il n'a filé qu'une carte, comme si d'un seul coup mon Auvergnat était devenu l'homme invisible (pourtant on ne le perd pas facilement mon Auvergnat mais bon), et on ne peut pas dire qu'il en manquait des menus, vu que nous étions les deux seuls conards du quartier à nous être risqués dans ce bouiboui. Alors j'ai choisi en tremblant la tarte tatin et mon mari une crème brûlée (malheureusement il n'a pas été privé de dessert ce coup ci, pas de bol).

 

Et là un autre mec inconnu jusque là et tout aussi cracra est entré. Et là dessus un bal étrange a commencé.

 

Tout le personnel de "l'auberge" de saint Séverin est sorti dehors. Sorti faire quoi ? Sorti décharger la livraison de fruits et légumes frais tout juste arrivée de Rungis, pardi ! Nan je déconne... En fait ils sont allés cherchés tous les cartons de surgelés posés devant la porte. Les yeux écarquillés nous avons assisté impuissants au passage devant nous de dizaines de cartons de produits congelés, allant bientôt atterrir dans les menus. Probablement que dedans il y avait ma tarte tatin. Les mecs n'ont pas été gênés un seul instant de faire ça devant nous. A midi et demi.

 

Et les desserts donc ? Hé bien quand le serveur a ramené ma tarte il a dit "attention c'est très chaud". Très chaud parce que sortie du four ? Oui mais du micro ondes s'il vous plait, et la tarte fumait tellement que j'avais du mal à voir mon mari derrière ce brouillard épais. Bien évidemment la malheureuse avait du faire un tour de cadran de micro ondes, accompagnée dans sa galère par la crème brûlée de mon Auvergnat, brûlant à l'extérieur et glacée dedans. Nous les avons délivrées de leurs souffrances, c'était la moindre des choses. Enfin moi pas complètement parce que mon hypocondrie et mon sens de la survie se sont d'un seul coup manifestés, les deux en même temps.

 

RUN YOU FOOLS !!!!!!

 

 

Alors si vous vous balladez un jour dans le quartier des restos de saint Michel, je vous donne l'adresse pour que surtout vous n'y alliez pas : l'auberge saint Séverin, située au 28 de la rue du même nom, dans le 5ème. Y'a pas moyen de se tromper, y'a un chat devant. Et personne à l'intérieur.

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